La société des affects
Voilà que les sciences sociales contemporaines se prennent de passion pour les « émotions ». Mais le risque est grand que ce « tournant émotionnel » les fasse tomber dans un individualisme sentimental qui porte à son comble l’abandon des structures, des institutions et des rapports sociaux, par construction coupables de ne pas faire de place aux choses vécues.
Comment articuler les affects et les désirs des hommes avec le poids de détermination des structures ? Comment penser ensemble ces deux aspects également pertinents – et manifestement complémentaires – de la réalité sociale, que rien ne devrait opposer en principe ? Tel est le projet d’un « structuralisme des passions », à travers lequel Frédéric Lordon s’attelle à la destruction du socle métaphysique de la pensée libérale.
Frédéric Lordon
Directeur de recherche au CNRS, il est notamment l’auteur de L’Intérêt souverain (2006), Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières (2008), Capitalisme, désir et servitude (2010) et D’un retournement l’autre (2011).