L’islam mondialisé
Nous assistons aujourd’hui à un mouvement de reconstruction de l’identité musulmane s’opérant à partir de l’individu et visant à ré-islamiser une communauté qui ne peut s’incarner dans un territoire donné, sinon sous une forme virtuelle et fantasmatique. Le surgissement de formes radicales de religiosité n’est pas un fait isolé ; il fait partie d’une mutation plus générale. Que ce soit sous la forme de la quête spiritualiste, du néo-fondamentalisme ou de l’internationalisme djihadiste, ce double processus d’individualisation et de déterritorialisation marque la globalisation de l’islam contemporain, et donc son occidentalisation. Loin d’exprimer un « choc des civilisations », les tensions qu’il manifeste sont le syndrome d’une déculturation mal vécue.
Olivier Roy
Directeur de recherche au CNRS, il enseigne aujourd’hui à l’Institut universitaire européen de Florence. Il a notamment publié, au Seuil, L’Échec de l’islam politique (1992) et La Sainte Ignorance (2008 ; « Points Essais », 2012).