Les projections démographiques annoncent que la migration sera d’ici une génération le principal, voire l’unique facteur de croissance de la population. Aucun pilotage du solde migratoire, aucun ralentissement du regroupement familial ne sera de taille à inverser cette tendance, sauf à rêver d’immigration zéro ou d’un chimérique baby-boom. Effet d’une infusion durable et non d’une intrusion massive, le brassage des populations dans la société française est un défi à relever, au même titre que le vieillissement. Pour y faire face, mieux vaut discuter des principes que de briser des tabous. Quitte à repenser nos conceptions du volontarisme et de la souveraineté.
François Héran est démographe. Normalien, agrégé de philosophie, il dirige actuellement l’Institut national d’études démographiques (INED). Parmi ses publications récentes : Immigration, marché du travail, intégration (Commissariat général du Plan, La Documentation française, 2002).