Comment comprendre que l’omniprésence de la sphère culturelle ne suscite nulle part ni opposition ni inquiétude ? D’où vient pareil unanimisme ? Et que cache-t-il ?
Partant de ces questions peu orthodoxes, Alain Brossat dessine les mornes contours de la « démocratie culturelle » dans laquelle nous baignons désormais, gavés et assoupis, mais aussi isolés et insatisfaits. Ce nouveau régime de gouvernance supplante chaque jour un peu plus notre vieille « démocratie politique », vaincue par le marché et ses irrésistibles attraits : précisément les marchandises culturelles !
Non content de donner, avec les armes du philosophe, un grand coup dans la fourmilière de notre tout-culturel, de ce « toujours plus de culture » que l’édition et la librairie connaissent si bien, non content d’être un livre de combat contre une pensée plus que dominante (il faudrait dire hégémonique), cet essai résolument à contre-courant dévoile l’ampleur de ce qui se joue dans ce désintérêt de la politique au profit de la culture : tout simplement notre servitude.
Alain Brossat enseigne la philosophie à Paris VIII-Saint-Denis. Auteur de nombreux ouvrages, il vient de publier Le Sacre de la démocratie, tableau clinique d’une pandémie, Anabet, 2007.