Mes Acquis sociaux, c’est l’histoire d’un môme de banlieue, né en 1939, fils de ritals, nourri dès le biberon à la lutte des classes et « désenvoûté » du Parti grâce à une mère qui ne confondait pas Dieu et l’Eglise. De la guerre d’Algérie à aujourd’hui, en passant par mai 68 et la chute du Mur, c’est près de quatre décennies passées sous les jupes de l’entreprise et de l’administration, en tant que sociologue spécialisé dans les conflits du travail, à dialoguer avec les patrons, les syndicalistes et les personnels. Quarante ans aux prises avec les réalités quotidiennes de la mutation du travail et de l’emploi qui forgent une vision du dialogue social et de l’exercice politique fort éloignée des habituelles idées reçues.
C’est aussi l’histoire d’une grave crise de transmission des valeurs, qui laisse aujourd’hui les acquis sociaux sans fondation et le syndicalisme bien mal en point. C’est donc un coup de gueule adressé aux syndicats, seuls, avec la société civile, à incarner un contrepouvoir face au vide actuel d’opposition. C’est encore une façon de renvoyer dos à dos socialisme et néolibéralisme, la religion du fric, le progressisme à tout crin et le scientisme à la Monsanto. C’est enfin la tentative en forme de bouteille à la mer de nous faire comprendre, à nous enfants gâtés de la démocratie, que cette dernière ne sera jamais définitivement acquise.
Henri Vacquin