Le parcours de Lucien Hervé représente un exemple remarquable, dans l’histoire de l’architecture, d’une étroite collaboration entre un photographe et un architecte. Lorsque Lucien Hervé envoie à Le Corbusier les premiers clichés de l’Unité d’habitation de Marseille qu’il réalise en 1949, ce dernier lui demande immédiatement de devenir son photographe, louant dans un premier courrier son « âme d’architecte ». En effet, le talent et l’intelligence du regard d’Hervé rencontrent la modernité et les formes nouvelles que les constructions de Le Corbusier développent. À partir de cette première rencontre, une longue collaboration naît entre les deux artistes jusqu’à la mort de l’architecte. Lucien Hervé photographie dès lors toutes les réalisations de Le Corbusier, en véritable mémorialiste de son œuvre architecturale. Une procédure de travail est très vite mise en place par Hervé : après avoir effectué les prises de vue d’un bâtiment, il colle sur des cartons colorés son choix de contacts découpés et numérotés qu’il prépare en deux exemplaires. Un jeu est destiné à l’architecte, l’autre à ses propres archives. Plus de 1 200 planches sont actuellement conservées à la fondation Le Corbusier. Cet ouvrage en réunit pour la première fois près de 200. Au-delà du document de travail qu’elles ont pu représenter, elles constituent aujourd’hui un ensemble exceptionnel, une véritable mémoire photographique et architecturale.