L'image la plus courante de Dante est encore, en France, celle d'un personnage dix-neuvième, touriste consciencieux des règnes de l'au-delà, selon Peguy par exemple, ou juge sévère et renfrogné, dans les illustrations célèbres de gustave Doré.
Parler de Dante écrivain, c'est donc tenter de faire émerger l'autre face du monument, plus active et actuelle : la conscience extraordinairement hardie, qui. s'y déploie, de toutes les implications de l'acte d'écrire.
Il s'agit de parcourir la trajectoire éblouissante qui, à partir du premier petit livre, la Vita Nuova, en touchant successivement tous les points, linguistiques ( De Vulgari Eloquentia, sur l'invention de la langue), philosophique ( Convivio, le Banquet de la connaissance), politique ( De Monarchia, sur la séparation des Deux Pouvoirs), mène jusqu'à la Comédie, le «poème sacré» où tous les éléments s'animent et s'embrasent dans l'espace du grand voyage.
Voici alors l'Intelletto d'amore : qui est «intelligence d'amour» au sens que lui donnait Dante dans ses écrits, mais aussi, pour nous, intellect amoureux, passion de la pensée, intensité circulaire où l'on peut se reconnaître et se perdre.
Des fragments de traduction suivent, partie intégrante de l'expérience de lecture, faits pour transmettre, dans la mesure du possible, un peu de la proximité de ce grand texte de notre civilisation.