La réédition de ce travail de pionniers, paru en 1980, est d’une actualité brûlante : il inscrit les enfants, y compris les plus rejetés, comme sujets à part entière. Rien de commun avec les classifications fourre tout du « handicap » ou des « troubles envahissants du développement », encore moins avec les pratiques du conditionnement brutal.
Une attention à la particularité de chaque enfant est la seule à permettre que chacun et chacune trouve sa place dans le lien social.
Rosine et Robert Lefort ne cèdent pas sur la découverte freudienne ; avec Jacques Lacan, ils en maintiennent le tranchant. Foin de l’orthopédie et des normes ! La causalité psychique est irréductible à chaque séance, un compte rendu élucide le pas accompli par Nadia. Ils sont différents de ceux de Marie-Françoise. Si elles sont dans la même institution, ces petites filles ne relèvent pas de la même structure psychique.
Avec tact et pudeur, Rosine et Robert Lefort introduisent le lecteur au cœur d’un travail analytique dont les effets thérapeutiques restent inoubliables. Aucun miracle. Une formation personnelle assure une écouté à laquelle tout être parlant en difficulté peut recourir, à la mesure du réel qui est le sien : « Là où c’était, Je dois advenir. »
Dans un saisissant effet de transmission, Marie-Françoise apprend aux auteurs et à leurs lecteurs ce qui se produit « lorsqu’il n’y a pas d’Autre », et quelles sont nos assises d’êtres en proie au langage.