Un parvenu snob qui se dévergonde, un auteur à succès tombé dans l'oubli pour la simple raison qu'il se fait passer pour mort, une tentatrice chaussée de bottes à la Anna Karénine, et nous voilà entraînés dans leurs virées nocturnes arrosées. Dans un genre inattendu, celui de la grande tradition satirique anglaise, John le Carré nous livre une peinture en clair-obscur de la vieille société de classe britannique, qui au début des années 1970 se déglingue allègrement. De Londres à Paris, de la campagne anglaise aux Alpes suisses, ses rejetons accumulent fiascos et scandales, insultes aux bonnes moeurs et prophéties fulgurantes, dont Shamus, le romancier d'outre-tombe, tient la chronique insolente. Elle sera d'ailleurs publiée bien plus tard - sous le titre de Three for the road, en hommage à Stanley Donen - lorsque tout le monde sera rentré tant bien que mal dans le rang.
Les fidèles du créateur de Smiley retrouveront dans ce roman, singulier en apparence seulement, la nostalgie d'une insouciance perdue, le sens du mystère, un humour décapant et, comme toujours, des êtres tiraillés entre leurs engagements institutionnels et leurs espoirs chimériques qui s'interrogent ici naïvement sur la nature de l'amour.
Traduit de l'anglais par Jean Rosenthal.
John le Carré, né en 1931, a étudié aux universités de Berne et d’Oxford, enseigné à Eton, et travaillé brièvement pour les services de renseignement britanniques durant la guerre froide. Pendant six décennies, il s’est consacré à l’écriture. Il est décédé en 2020 à l’âge de 89 ans.