La Chine populaire, peu après la mort de Mao...
Bin et sa jolie femme Meilan rêvent de quitter la pièce unique
où ils s'entassent avec leur fille de deux ans, pour emménager
au radieux Parc des Travailleurs nouvellement construit sur la
commune. Mais pour cela il faudrait entretenir de bons rapports
avec les dirigeants. Or, Bin, ajusteur à l'usine d'engrais, mais
calligraphe et peintre amateur de talent, a un caractère ombrageux
et frondeur. Les dénis de justice et abus de pouvoir des
chefaillons lui inspirent des caricatures vengeresses qu'il envoie
aux journaux et qui surgissent sur les panneaux d'affichage de
l'usine. Le litige s'envenime, porté de plus en plus en haut lieu,
jusqu'à Pékin.
Superbement rythmé, cocasse, truculent parfois, ce roman à
l'ironie brechtienne est aussi une étude psychologique subtile
qui laisse aux personnages et aux situations toute leur ambiguïté,
tandis que des évocations elliptiques et impromptues de la
nature aux quatre saisons lui accordent la grâce suggestive des
estampes chinoises.