Les pays qui ont connu un crime de masse entrent souvent, ensuite, dans une période de transition démocratique très difficile. Que peut-on savoir sur ce qui s’est passé ? Comment punir les responsables, parler aux victimes, réparer les dommages matériels et moraux, opérer des pas vers la réconciliation nationale ?
Ce livre traite du rôle que jouent les procès criminels pour la mémoire collective des nations et des peuples concernés. Contrairement à une vision répandue, il n’y a aucun consensus à propos du jugement des crimes de masse. Sur le passé criminel, plus ou moins récent, il s’avère que juristes, politiques, intellectuels ne sont pas d’accord. Le conflit le plus vif est entre historiens et juristes ; la tentation existe que les uns se substituent aux autres, et vice versa.
Le livre fait l’état des lieux de ces interprétations divergentes, c’est-à-dire du débat public, en particulier au moment des actions en justice menées de divers côtés et des procès effectifs. Il s’interroge sur le rôle pédagogique des « procès publics », du « spectacle » et de la mise en scène théâtrale qu’ils proposent : pourraient-ils jouer un rôle de promotion de la démocratie et de ses valeurs – tolérance, modération, respect du débat ? Comment les rendre efficaces dans les « mentalités », au-delà des réparations strictement juridiques ? Les procès peuvent-ils contribuer à créer une mémoire collective quelque peu partagée ?
Mark Osiel est professeur de droit à l'université d'Iowa.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Luc Fidel.
Préface d'Antoine Garapon.