Les yeux de Waiblinger. Waiblinger, c'est cette étoile filante brièvement apparue au début du XIXe siècle dans un ciel allemand déjà riche en étoiles. Poète et romancier, il meurt à 26 ans en Italie sans avoir accompli les promesses d'un génie aussi éblouissant que destructeur. Son oeuvre, c'est sa vie. Mais il ne s'agit pas là d'une biographie. Peter Härtling choisit, dans cette existence, de nous faire revivre l'épisode des amours interdites avec Julie Michaelis, qui défraya la chronique de cette capitale intellectuelle qu'était alors Tübingen, en Souabe, et son séminaire protestant, berceau de quelques grandes gloires de la littérature et de la philosophie allemandes : mais l'époque n'est plus aux grandes révoltes, c'est celle de Mörike et de Caspar David Friedrich, du biedermeier et de la Restauration. Un tel contact ne peut que faire des étincelles.
Härtling ne joue pas les archéologues. Loin de tenter une reconstitution scientifique, c'est de l'intérieur, dans une langue vive qui ne s'essaie pas, elle, à la restauration, qu'il rêve et nous fait rêver ce destin.