Une île… au bout du monde, où se sont réfugiés dans une arche un père et ses trois enfants pour échapper au grand déluge qui a englouti Los Angeles. Vie en autarcie, proche de la nature, à l’abri des turpitudes et des compromis de la civilisation moderne : tout semble en place pour une idylle post-apocalyptique dans la veine écologique. L’arrivée d’un étranger, symbole pour le père du monde dégénéré qu’il a fui, grippe les rouages bien huilés de ce fragile Eden et déclenche les mécanismes incontrôlables et destructeurs du mensonge.
Avec ce récit qui oscille entre réalisme et fable allégorique, Sam Taylor parvient à créer un thriller existentiel aux accents faulknériens et à l’atmosphère délétère qui voit un père se transformer, au nom d’un idéal perverti de pureté et d’innocence, en véritable tyran domestique, figure vengeresse de l’Ancien Testament, à l’autorité d’autant plus envahissante qu’elle n’est pas rachetée par l’image rédemptrice de la mère, disparue.
Narrateurs à tour de rôle, le père, Finn et Alice mêlent leurs voix dissonantes en une polyphonie qui, rythmée par les échos de la Bible, de Shakespeare ou des contes de fées, tient le lecteur en haleine et atteint à la grandeur poétique.
Sam Taylor, né en 1970, a grandi dans le Nottinghamshire et a poursuivi ses études universitaires à Hull, en Angleterre, puis en Caroline du Sud, aux Etats-Unis. Il vit en France avec sa femme et ses enfants. Une île au bout du monde est son deuxième roman publié au Seuil après L’Amnésique (2008).
Claude Demanuelli, agrégée d’anglais, traduit depuis une vingtaine d’années les ouvrages, entre autres, de John Lanchester, Susan Minot, Zadie Smith, Muriel Spark, Rose Tremain, John Updike, Virginia Woolf, ainsi que nombre d’auteurs anglophones du sous-continent indien, parmi lesquels Arundhati Roy, Hari Kunzru, Shashi Tharoor, Nadeem Aslam et Kiran Desai.