Dans les démocraties, la Première dame, épouse du dirigeant politique, n’a aucun statut. À l’inverse de la femme du Prince qui depuis l’Antiquité, en passant par la royauté et la Révolution, avait un pouvoir reconnu par les institutions, celle du chef de l’État est politiquement inexistante.
D’Eleanor Roosevelt à Jacky Kennedy et Michelle Obama, d’Yvonne de Gaulle à Cécilia et Carla Sarkozy, les médias ont cependant contribué à donner une visibilité à celle qui n’est qu’apparence. Les hommes de pouvoir tirent bénéfice de l’exposition de leurs compagnes, lesquelles, refusant de jouer les « potiches », s’immiscent peu ou prou dans les affaires publiques. Elles obtiennent ainsi une notoriété propre et par là même une certaine légitimité. Les médias alors s’interrogent : quel rôle, officieux à défaut d’être officiel, tiennent-elles du fait de cette situation maritale ?
De plus en plus, ces personnages « dérivés » se trouvent en concurrence avec les femmes politiques, dont le nombre s’accroît et qui bénéficient, elles, de la légitimité démocratique. Effet de miroir qui, en retour, nous incite à envisager une problématique tout autre : qu’en est-il du rôle de leur époux ?
Armelle Le Bras-Chopard, professeur de science politique, a notamment publié Le Masculin, le sexuel et le politique (2004) et Les Putains du diable (2006).