« Je pensais que des fois même des choses qu’on aime pas on peut les aimer. Par exemple moi les champignons je les déteste, ça sent le cimetière, cueillir des champignons c’est marcher sous la terre. Pourtant un jour je les aimerai, je le sais. Alors forcément c’est que je les aime déjà.
C’est comme les baisers sur la bouche, c’est dégoûtant, évidemment y a la langue et on bave, mais si on est amoureux, plus c’est dégoûtant plus on aime. Moi ce que j’aimerais c’est être amoureux. Si j’étais amoureux des peupliers, je pourrais les aimer. Pareil pour les champignons. Dans la vie c’est être amoureux qu’il faut.
Mon père et maman, c’est ça qui va pas : l’amour »
Parfois dans les familles, naît sur le tard un enfant imprévu qui, faute de trouver sa juste place, prend celle que chacun lui réserve à mesure de sa propre détresse.
C’est cette place, qui en fait un observateur privilégié, que Paul nous raconte sa famille, qu’il nous dit, avec le génie propre à l’enfance, l’amour empoisonné des mères, l’inconsistance des pères, la beauté trouble des sœurs et la foncière étrangeté des frères. De là aussi qu’il crie au secours.
M.M.
Michel Manière a écrit des romans, des nouvelles et deux récits autobiographiques :
A ceux qui l’ont aimé (P.O.L), Vous souvenez-vous de moi (Julliard ). Il a récemment publié aux éditions Grasset deux romans : Une femme distraite et Une maison dans la nuit.