En reprenant le schéma narratif et les personnages de La Guerre des boutons (roman de Louis Pergaud, 1913, repris à l’écran par Yves Robert en 1961), Bertrand Rothé fait, au-delà de la curiosité littéraire, œuvre de sociologue. Car il apparaît vite en effet qu’un siècle après, les aventures des Lebrac, Tigibus, Grangibus et consorts, ne peuvent plus se dérouler aujourd’hui comme le permettait le début du XXe siècle.
De nos jours, leur guerre des boutons serait affaire de policiers, d’éducateurs, de juges, de psys en tout genre… La drôlerie et la vivacité brutale des scènes disparaîtraient au profit d’une machinerie éducative et judiciaire, lourde et grise, fermant plus de portes qu’elle n’en ouvre.
C’est d’ailleurs auprès de ces éducateurs, policiers, juges et psychologues, que s’est documenté Bertrand Rothé, pour écrire ce roman qu’on pourrait dire à thèse, proche du documentaire.
En postface, Laurent Bonelli, spécialiste des politiques sécuritaires, montre qu’en un siècle, ce n’est pas la violence qui s’est déchaînée, c’est notre refus d’y faire face et de la résoudre autrement que par le recours à des institutions répressives.