Qu’est-ce qui nous glace et nous sidère dans le rire du bourreau ? Et pourquoi refusons-nous de le prendre au sérieux ? C’est ce que fait ici Klaus Theweleit qui, dans la lignée de ses travaux sur la masculinité violente, explore le sens de ce rire, signe ostensible du triomphe, démonstration d’une puissance invulnérable.
Des SS à Anders Breivik, des génocidaires hutu au Rwanda aux assassins de l’État islamique, les meurtriers de masse expriment surtout une joie obscure : par l’exercice de la violence muée en performance – mélange d’enseignement, de théâtre et d’exécution d’un crime – le tueur accède à un statut d’assassin divin. Il se rira ensuite de toute autre espèce de juridiction et, sur le banc des accusés, opposera aux magistrats le rictus ou les éclats démoniaques de celui qui a déjà jugé ceux qui le jugent.
Sociologue et théoricien de la culture allemand, Klaus Theweleit est l’auteur d’un classique de la théorie du fascisme et de l’histoire de la masculinité, Fantasmâlgories (L’Arche, 2016). Le Rire des bourreaux en est le prolongement : une exploration de la violence et de sa jouissance au sein de nos sociétés.