De Brel, on sait tout, ça ronronne au salon. Brel mérite mieux. Il mérite d’être bousculé comme lui-même défonçait la scène ; sinon, à quoi bon une nouvelle pièce à son Olympia ?
Pour David Dufresne, Brel est tout à la fois un père de substitution, une icône, le chanteur qui braille et qui transpire, comédien de seconde zone, penseur hors pair, et surtout l’âme sœur qui aide à lever ses cent kilos, quand la vie se joue de drame en drame. Ses mots sont devenus devise pour la vie : « On fait ce qu’on peut mais il y a la manière. » On ne vit qu’une heure est un livre avec Brel, autant qu’une biographie de Brel, une invitation à aller voir, comme l’artiste le professait. L’auteur nous embarque à Vesoul et sa fameuse valse musette, dans la France des camions pizza, des usines oubliées et des centres-villes qui se recroquevillent dès 6 heures du soir.
Que reste-t-il de l’âme du Grand Jacques ? De ses obsessions (la fraternité, l’amour, la soif de vivre et la mort) ? Ouvriers, sans le sous, bourgeois et commerçants, David Dufresne brosse le portrait d’une France profonde, joyeuse et brisée. À la Brel.
Un récit sensible et tonitruant, lézardé de chansons, d’entretiens rares du chanteur et de rencontres truculentes, où le passage de Brel à Vesoul se fait plongée policière.
David Dufresne est l’auteur de Tarnac, magasin général (Calmann-Lévy, 2012) et New Moon, café de nuit joyeux (Seuil, 2017, finaliste prix de Flore).