De Airbags à Zyva
Depuis que la Sécurité routière a lancé son slogan « Si t’as un Sam*, t’as le swagg ; si t’as pas de Sam, t’as le seum », le public sait à peu près ce que seum et swagg veulent dire. Mais il n’est pas sûr que la publicité faite de ces deux mots ait été du goût de ses locuteurs habituels. Comme le soulignait déjà Victor Hugo : « L’argot cherche toujours à se dérober, sitôt qu’il se sent compris, il se transforme… Aussi va-t-il, se décomposant et se recomposant sans cesse. » C’est, parmi des centaines d’autres, le cas de beur (devenu rebeu, rabza, rabzouz), de l’antique daron(ne) et du classique keuf.
Ce petit dico est donc un instantané du « langage des jeunes des Cités », comme disent les médias qui oublient que le parler djeun’s s’entend aujourd’hui à Trappes comme à Neuilly-sur-Seine. Ici et là, de airbags à zyva, ça rappe et ça zappe la langue de Molière à tout va ! Et à tout âge : l’ado, devenu lycéen puis étudiant, n’abandonne pas le parler de son « tiéquar ».
Salah Guemriche, ancien journaliste, romancier et essayiste, est notamment l’auteur du très remarqué Dictionnaire des mots français d’origine arabe (Seuil 2007, Points 2015).
* Sam : sans accident mortel.