« Tu as voulu me tuer… Tu es comme ton père… Va-t’en de chez nous, maintenant ; je ne veux plus jamais te voir ici. » Tobie Ruau, né en 1895, est chassé à dix-sept ans par son parâtre de l’Essert-d’en-Haut, en Suisse. Il se met en quête de son père biologique et traverse l’océan pour le rejoindre aux États-Unis et tenter d’y vivre le rêve américain. Son chemin lui fait rencontrer un autre immigré, Isaac Milstein, toujours habité par sa femme et son fils disparus lors de la fusillade de l’escalier d’Odessa en 1905. Tobie parcourt la quasi-totalité d’un siècle violent et déchiré, où les hommes n'ont jamais autant cherché à devenir plus humains mais ont abdiqué leur humanité. C’est un être assumant tout ce qu’il a été qui se confie, dans les dernières années de sa vie, à son arrière-petit-neveu Jonas, offrant à celui-ci, par ses récits et ses confidences, de revivre ses aventures, ses combats, sa soif de justice, ses désillusions et de s’interroger sur lui-même, « car ce que sont les autres, c’est nous ». Dans ce magnifique roman d’aventures et de méditations, rédigé comme un western initiatique, Jean-François Haas donne toute la mesure de ses grandes qualités de narrateur, habile à manier plusieurs destins, et d’humaniste hanté par la question du mal et du salut.
Jean-François Haas est suisse. La plupart de ses précédents livres (cinq romans et un recueil de nouvelles, tous publiés au Seuil) ont été couronnés de prix ; certains ont été traduits en allemand et en roumain.