Pourquoi Nabil Wakim était rouge de honte, enfant, quand sa mère lui parlait arabe dans la rue ? Pourquoi l’auteur ne sait-il plus rien dire dans ce qui fut sa langue maternelle ? Est-ce la République qui empêche de parler l’arabe comme elle empêcha autrefois de parler le breton ?
Voici une langue qui fait figure d’épouvantail. Si Jean-Michel Blanquer évoque l’idée de l’apprendre un peu plus en classe : tollé contre les risques de « communautarisme ». Quand Najat Vallaud-Belkacem propose de réformer son enseignement, elle est accusée de vouloir imposer la langue du Coran à tous les petits Français.
Ce livre fait entendre une parole souvent tue sur le malaise intime à parler sa propre langue quand il s’agit de l’arabe ; c’est aussi une enquête sur les raisons de ce désamour. Alors que l’arabe est la deuxième langue la plus parlée du pays, elle n’est enseignée que dans 3 % des collèges et des lycées à environ 14 000 élèves. Soit deux fois moins qu’il y a trente ans ! En parallèle, l’enseignement dans des mosquées ou associations cultuelles se multiplie – une estimation porte à 80 000 le nombre d’élèves y recevant des cours. N’est-il pas temps de se convaincre que l’enseignement de l’arabe pourrait être une chance pour notre pays ?
L’Arabe pour tous est un plaidoyer pour que la langue arabe trouve enfin sa juste place dans l’histoire de France.
Nabil Wakim est né au Liban en 1981. Il est journaliste au Monde ; il a interrogé pour cette enquête de nombreuses personnalités qui évoquent ce sujet publiquement pour la première fois, notamment Myriam El Khomri, Karim Rissouli ou Camélia Jordana.