Elles sont trois : Véra, sa fille Nina, sa petite-fille Guili, soudées par les liens du sang et déchirées depuis des décennies par un terrible secret. Le jour du quatre-vingt-dixième anniversaire de Véra, célébré avec faste au kibboutz, Guili, brûlant de mettre au jour l’histoire de sa famille, décide de tourner un film sur sa grand-mère. C’est ainsi que les trois femmes s’embarquent pour un long voyage vers le passé, dans la Croatie natale et sur les lieux de souffrance de Véra. Pendant leur périple, celle-ci livre pour la première fois le récit de son existence. Que s’est-il réellement passé, lorsqu’elle a été condamnée à trois ans de travaux forcés sur l’île-goulag de Goli Otok par la police secrète de Tito ? Et pourquoi, refusant de trahir la mémoire de son mari Milosz, exécuté comme espion stalinien, a-t-elle dû abandonner sa fille Nina, alors âgée de six ans, laquelle, jamais remise du traumatisme, a abandonné plus tard sa propre fille, Guili ? C’est par la voix de cette dernière et l’écho de quelques autres que nous cheminons à rebours, sur les traces d’un destin tragique, à la croisée de ces moments de l’Histoire qui forcent les individus à faire des choix impossibles.
Le douzième roman de David Grossman explore de façon magistrale les rapports mère-fille, la question du silence et de la transmission. Au fil des révélations, le livre nous emporte dans un crescendo qui culmine avec une rare intensité émotionnelle et s’achève avec grâce sur le pardon, dans un élan d’amour et de compassion.
Traduit de l’Hébreu par Jean-Luc Allouche
David Grossman, né à Jérusalem en 1954, est l’auteur acclamé d’essais engagés qui ont ébranlé l’opinion israélienne et internationale et d’une douzaine de romans abondamment primés. Lauréat du prix de la Paix des libraires allemands, du prix Médicis étranger pour Une femme fuyant l’annonce, du prix Frère et soeur Scholl et du Man Booker international Prize, il est officier de l’ordre des Arts et des Lettres.