En exil, c’est-à-dire loin, mais loin d’où ?
Fin connaisseur de la littérature autrichienne et de la tradition juive-orientale, Claudio Magris montre comment l’oeuvre de Roth prend sa source dans la douleur d’une double perte : celle de l’Empire, celle du shtetl natal.
Voyant se déchirer sous ses yeux cette symbiose judéo-allemande dont il était issu, Roth analyse avec acuité la montée de l’antisémitisme et du nazisme. Il dénonce aussi les dérives du communisme et la tyrannie exercée sur l’individu par un Occident axé sur le progrès technique, la réussite et le profit.
Claudio Magris explore l’œuvre de Roth en l’insérant dans un plus vaste courant d’inspiration juive-orientale, celui de Cholem Aleichem et d’Isaac Bashevis Singer, entre autres, et trouve une unité dans la représentation, sous des formes multiples, du malaise de l’homme moderne emporté par les fureurs de l’Histoire, en une fuite sans fin, à travers un monde qui n’a plus ni centre ni sens.
Né à Trieste en 1939, Claudio Magris a infatigablement contribué à faire connaître la littérature allemande et mittel européenne. Son œuvre personnelle est aussi mondialement reconnue. Le Seuil a réédité son Trieste en 2008.