Naples transfigurée par le regard poétique et compassionnel d'une romancière possédant un souffle narratif unique. Ortese est à Naples ce que Lampedusa était à la Sicile. A travers le destin de Damasa, née dans une société fermée et injuste, toute l'histoire de la ville, où s'annonce la tempête qui transformera tout le siècle : la guerre avance comme derrière un rideau, et Damasa et son monde n’auront aucune échappatoire, après la libération. Ils sont nés perdants, et seront perdus pour toujours.
L’histoire de Damasa est aussi celle de son auteur. Les récits et les poèmes insérés dans tout le livre sont inspirés de sa vie. "Ainsi, précise Anna Maria Ortese, le PortdeTolède est fait de deux voix : la voix d’une violence quasiment expressionniste, qui raconte une vie extrême ; et la voix humble, douce, stupéfaite, brisée, qui raconte – dans le tumulte de la vie qui fut celle de Damasa – le rien réel de la vie (entre deux apparitions), le battement du pendule, la vie que nous disons quotidienne ».
Anna Maria Ortese (1914-1998) a travaillé dans divers journaux et publie en 1953, La mer ne baigne pas Naples, qui obtient le Prix Viareggio. Ses reportages, ses romans fantastiques et ses récits autobiographiques font d’elle un écrivain extraordinairement original. Elle obtient le Prix Strega avec Les beaux jours. Elle se retire à Rapallo quand un énorme succès public la surprend dans sa retraite avec La Douleur du chardonneret (1993), qui, traduit en français, obtient le “Prix du Meilleur livre étranger” en 1997. Elle meurt l'année suivante.