Il est mort si jeune, il est mort si vite – le 25 novembre 1959, âgé d’à peine trente-sept ans – que son image s’est figée, définitivement fraîche et séduisante. De cet éternel jeune homme le temps a fait un mythe. Comme si le public avait compris que tous les engagements du comédien, artistiques et politiques, représenteraient un jour, aux yeux de l’histoire, le visage même des années cinquante.
De son premier rôle, en 1943, jusqu’à sa dernière apparition sur les écrans, Gérard Philipe a incarné le héros idéal de la France de l’après-guerre: Fanfan la Tulipe, Rodrigue ou Julien Sorel… Au cinéma comme sur la scène du TNP de Jean
Vilar. Vingt pièces de théâtre, trente films : c’est le bilan d’une carrière passionnée, rigoureuse, celle d’un acteur engagé dans son temps, celui de la « guerre froide », de l’affrontement des deux blocs, soviétique et américain.
Gérard Philipe avait jalousement caché à tous le drame qui le frappait : la condamnation de son père par les tribunaux de l’épuration en 1945. Cette nouvelle édition, grâce à des documents familiaux pour la première fois exploités, revient sur ce douloureux épisode et l’éclaire d’une troublante lumière.
Gérard Bonal, spécialiste de la littérature et de la vie culturelle du XXe siècle, est l’auteur d’ouvrages remarqués sur les Renaud-Barrault, Colette ou Saint-Germain-des-
Prés, tous publiés au Seuil.