La tendance à décrire le pouvoir comme une forme de machination ou du moins une entreprise concertée est ancienne. Elle est confortée aujourd’hui par la mobilisation de technologies de contrôle, de persuasion et de répression toujours plus performantes et perfectionnées, ainsi que par des transformations internes de la classe dominante, comme son homogénéisation sociale et son internationalisation.
La possibilité de résistances populaires subsiste pourtant. Ces résistances semblent même avoir fait un retour en force avec, parmi de nombreux exemples ces dernières années, les printemps arabes, les combats contre les installations et les multinationales polluantes ou encore les ZAD et autres mobilisations des néo-ruraux qui développent à l’échelle mondiale un nouvel « art de ne pas être gouverné ».
C’est à ces nouvelles formes d’actions et d’organisations politiques que ce numéro d’Actes de la recherche en sciences sociales est consacré, en puisant des outils analytiques chez Pierre Bourdieu, James Scott ou E. P. Thompson et en explorant une série d’études de cas : la politique et l’art automobile du tuning, les machinistes de l’Opéra de Paris, des déléguées syndicales, la réception que réservent des élèves de milieux populaires à des actions de prévention menées en milieu scolaire, etc.
Au travers de ces contributions, il s’agit d’interroger les ressources sur lesquelles reposent ces résistances, leurs modes d’actions et d’organisation, mais aussi d’étudier leurs confrontations à la domination et aux dominants et, ce faisant, de contribuer à éclairer l’action profane directe et subversive dans la situation contemporaine.