Lors d’un transfert pénitentiaire dans Paris, un activiste allemand, mélangeant terrorisme et voyoucratie, est libéré par un commando. Un policier trouve la mort dans l’opération. Kyra, la conductrice de la voiture d’interception, plonge dans la clandestinité et la cavale.
Partant de là, le livre d’Anne Secret mute et devient la narration fidèle d’une errance. De villas cossues en baie de Somme à Paris, et d’Ostende au casino de Luxembourg, on accompagne la jeune femme, raccrochée à la vraie vie à travers les nouvelles du monde dispensées par la presse.
Kyra poursuit un double but : retrouver un amour trop vite disparu et donner un sens à son existence qu’on devine terne avant l’événement. Ces quêtes relèvent de l’absolu et sont la marque d’une expérience solitaire. Kyra passe un temps infini à attendre, mais cette solitude erratique ne lui pèse pas, sachant qu’elle écrira le mot fin à son histoire.
Anne Secret, dépositaire inspirée d’une écriture du comportement, évite les afféteries stylistiques et le pathos encombrant. Nous sommes dans le factuel, la fuite, la naissance du désespoir au centre de paysages noyés, de contacts improbables, de manipulations désinvoltes. Dans ce roman, comme dans L’Escorte (Fayard, 2005), l’écrivain reste cinglante et précise sur le texte, juste dans la dérive politique et compassionnelle pour les apprentis héros de seconde division.
Marc Villard