Bimbo orientale habituée des bars à chichas ; femme voilée sage et soumise qui rêve de vacances à Dubaï ; objet sexuel des pires dépravations sur les sites pornos ; « beurgeoise » ambitieuse haut perchée sur ses Louboutin ; ou jeune actrice tchatcheuse qui a gardé l’accent de la cité : les femmes françaises issues de l’immigration maghrébine ne semblent exister dans l’espace médiatique qu’au gré des stéréotypes sans cesse renouvelés de la « beurette ».
Refusant de se plier à ces préjugés sexistes et racistes, deux d’entre elles sont allées en interviewer d’autres pour explorer les coulisses et les non-dits de cette appellation qu’elles rejettent. Brisant les idées reçues, les auteures révèlent que ces femmes demeurent prisonnières d’un héritage colonial qui continue d’agir. Leur corps est sans cesse au cœur de polémiques qui divisent dans leurs propres rangs musulmans, féministes, associations de femmes « racisées », autant que militants de gauche ou antiracistes.
Une enquête pleine d’empathie qui offre une galerie de portraits, plurielle, pour mieux connaître les « rebeues », loin des caricatures.
Sarah Diffalah est journaliste à L’Obs, Salima Tenfiche est chercheure en cinéma et chargée de cours à l’Université de Paris-Diderot.