« Une fois que j’ai dit que Maman était la grande affaire de ma vie, par où commencer, alors que tout afflue en même temps, comme si le temps n’existait pas ? Ma mémoire est antérieure à ma naissance. Je revisite dans une chaotique remontée d’images ce qui m’a précédée dans la vie. J’ai entrepris de reconstruire mes souvenirs, vrais ou imaginaires. De me faufiler dans la vie de ma mère. »
Ce n’est pas seulement à sa mère que Myriam Anissimov rend ici un vibrant hommage, mais aussi au monde poétique et pauvre des rescapés du génocide des Juifs par les nazis, monde où l’on parlait yiddish et l’on vénérait Staline. Découvrant tôt, dans une France provinciale où l’antisémitisme n’a pas été éradiqué, que sa survie a tenu au miracle et à quelques bonnes âmes, la jeune fille se trace un chemin artistique non sans insolence et non sans humour à travers les violences subies et son besoin d’amour. De grandes découvertes littéraires enrichissent cette formation, accompagnée de simples chansons qui constituent l’imaginaire collectif de toute une génération. Les fantômes reprennent vie
dans une multitude de portraits saisissants et entraînent l’écrivain et ses lecteurs dans un merveilleux théâtre de la mémoire.
Myriam Anissimov est l’auteur de biographies de référence (Primo Levi, Romain Gary, Vassili Grossman et Daniel Barenboïm) et de plusieurs récits autobiographiques (La Soie et les Cendres, Sa Majesté la Mort, Jours nocturnes, Les Yeux bordés de reconnaissance). C’est une des plus grandes connaisseuses de la littérature yiddish et de la Shoah.