Roberto Bolaño meurt en 2003, laissant en partie inachevé un roman « monstrueux », instantanément considéré comme le geste littéraire le plus marquant du début du siècle. On y retrouve, amplifiées, toutes les obsessions de son auteur : quatre universitaires partent à la recherche de Benno von Archimboldi, un mystérieux écrivain allemand dont l’oeuvre les fascine. Leur quête les mènera à Santa Teresa, ville mexicaine inspirée de Ciudad Juarez, où les féminicides déciment la population.
Mais, comme toujours avec l’auteur des Détectives sauvages, le roman d’aventures est un trompe-l’oeil, une fausse piste lancée au lecteur pour l’amener vers un roman apocalyptique, où la condition humaine est habitée, voire rongée, par le Mal. Le texte oscille alors d’une énigme à l’autre, d’une découverte macabre à l’autre, s’enfonçant dans le désert, dans des territoires incertains entre le Mexique et l’Amérique, frontière qui cristallise et détruit les espoirs. Chef-d’oeuvre à l’écriture incomparable, 2666 est sans doute le roman le plus audacieux de Roberto Bolaño.