L’influence exercée par les néoconservateurs américains sur George W. Bush, particulièrement après les attentats du 11 septembre 2001, a été beaucoup médiatisée et commentée. Néanmoins, on ne peut réduire leur rôle à celui de conseillers géopolitiques ou militaires. La genèse sociale, politique et culturelle de ce mouvement de pensée, né avec la guerre froide, montre combien il est complexe. De l’interventionnisme en politique extérieure à la lutte contre l’affirmative action, en passant par la régulation du Welfare State, les néoconservateurs républicains et démocrates n’ont eu de cesse de se faire les prosélytes des valeurs libérales.
Par la mise en place de réseaux, de revues et d’organismes de pensée politique influents - les think tanks -, ils ont obéi à une stratégie de large diffusion de leurs idées dans les champs politique, médiatique et éditorial. Les exemples des théories de la « Fin de l’histoire » et du « Choc des civilisations » l’illustrent. Au final, les néoconservateurs s’inscrivent dans une tradition américaine de l’expertise qui remonte à la fin du XIXe siècle. Peu populaires auprès de l’administration Obama, ils préparent aujourd’hui dans l’ombre leur retour aux affaires.