Le nom de « philosophie analytique » désigne un courant philosophique qui a pris son essor au XXe siècle, et semble devenu dominant aujourd’hui dans le champ philosophique anglophone, voire international. Il est courant de l’opposer, par ses objets et par ses méthodes, à la philosophie dite « continentale ». À première vue, la philosophie analytique se distingue par les questions qu’elle privilégie : théorie du langage et philosophie de la logique, philosophie de l’esprit et de la connaissance... Elle se singularise aussi par le traitement qu’elle en propose : l’analyse, comprise comme adoption d’un style de pensée privilégiant l’établissement de distinctions, l’élucidation des questions à partir de l’examen de leur formulation, l’appel au sens commun et à la connaissance ordinaire.
La philosophie analytique est cependant loin d’être unifiée, et son développement a, de fait, produit les styles les plus variés. Le champ analytique s’étend au-delà de la philosophie de la logique, du langage ou de l’esprit : la méthode analytique s’applique à des questions éthiques, esthétiques, politiques, métaphysiques. Elle est également marquée, de ses origines au temps présent (de Frege, Wittgenstein, à Quine, Rawls, Brandom), par des figures philosophiques majeures, qui demeurent irréductibles à tout dogme. Enfin, la confrontation rituelle entre philosophie analytique et philosophie continentale ne rend pas justice à la trame complexe de dialogue et d’héritages où s’inscrivent ces deux traditions, et qui produit la pensée contemporaine dans ce qu’elle a de plus vivant.
Le présent volume, qui réunit des contributions de spécialistes reconnus du domaine, propose un tableau de la philosophie analytique dans sa diversité – ses grandes thématiques, ses thèses principales, ses figures emblématiques – et un regard nouveau sur l’importance et l’originalité philosophiques de la philosophie analytique.