Les rapports houleux de Lacan avec la philosophie mettent en jeu les relations, tout aussi difficiles, de Lacan avec l’oeuvre de Freud. Lacan a voulu faire, à l’égard de Freud, un travail comparable à celui que Hilbert, l’inventeur d’espaces formels, a voulu faire à l’égard de Desargues.
La tâche était ardue pour une double raison : d’abord, l’oeuvre de Freud s’est avérée difficile à dépasser ; en second lieu, la philosophie est extrêmement diverse et n’offre pas une langue homogène et sûre à celui qui a voulu l’instrumentaliser. L’entreprise, compliquée, n’a peut- être pas un résultat aussi net que le dépassement hilbertien : elle n’en est pas moins traversée par un souffle créateur qui fait de son auteur l’un des meilleurs inventeurs de points de vue et de conce