Internationalement reconnu comme l’une des pages marquantes de l’histoire littéraire, le Nouveau Roman a ouvert une crise majeure dans la production contemporaine et exercé une influence déterminante sur les débats d’idées qui se sont fait jour depuis la Seconde Guerre mondiale autour du statut de l’écrivain, des relations entre la création et son objet, de la conception de l’homme et de ses habitudes esthétiques.
Le Nouveau Roman ne dispose cependant ni d’une revue, ni d’un manifeste, ni d’un chef de file intronisé en bonne et due forme par ses pairs. Il ne s’agit, en effet, ni d’un groupe ni d’une École littéraire, mais plutôt d’une mouvance, soit un ensemble hétérogène dont les éléments convergents partagent plus ou moins durablement un certain nombre de partis pris conceptuels et techniques. Sa cohésion, instable, se fonde dans la pratique poétique d’oeuvres irréductiblement individuelles, dont le trait dominant est l’effort de substituer au romanesque traditionnel un nouveau réalisme, qui, tout en n’ayant rien à dire, cherche à dire ce rien, au sein d’une modernité inscrite depuis Mallarmé dans l’absence des choses et des significations préétablies.