A force de parler du machiavélisme, on risque d'oublier Machiavel. Longtemps, une lecture héritée des jésuites a réduit la pensée du Florentin à une réflexion sur la ruse et le détour. Cette interprétation, résolument erronée, ne résiste pas à la confrontation des textes. Dans ces derniers, nous découvrons un homme engagé dans la vie politique complexe de son époque, un homme qui tente de penser les conditions de la liberté de l'Italie. Les trois chapitres centraux du Prince en sont le modèle : la guerre est un problème central dans la perspective de la libération d'un peuple mais elle est plus encore l'horizon auquel doit penser tout homme politique responsable. Elle constitue une épreuve de vérité dont dépend notre vie ici et maintenant ; elle est révélatrice de la nature profonde des rapports entre les hommes.