L'état de passion se définit par un déséquilibre, qui consiste dans la valorisation d'une seule tendance. Mais cet aspect prédilectionnel semble plutôt subi par le sujet que choisi, comme l'atteste l'idée de passivité constitutive du sens premier de la notion. C'est pourquoi la philosophie dénoncera d'emblée la passion comme négation de la liberté du sujet, et comme obstacle à l'accomplissement d'une vie philosophique placée sous le signe de l'activité raisonnable. Ainsi se comprend que l'analyse traditionnelle du phénomène passionnel l'oppose tantôt au raisonnable, au rationnel et au logique (pathos versus logos), tantôt à l'activité du sujet, menaçant ainsi sa liberté. Dans le premier cas, la passion pose un problème épistémologique (en tant qu'obstacle à la connaissance vraie), dans le second cas, elle pose un problème éthique (et engage une politique de la liberté).
Du pathos grec à l'affection comme existential chez Heidegger, l'ouvrage s'efforce de reconstituer le parcours logique qui a commandé l'évolution sémantique du terme de passion, par l'examen des doctrines qui en ont constitué autant d'articulations essentielles.