De Hobbes à Sade, ce numéro révèle les facettes de l’incivilité d’Ancien Régime, entre maladresse, manque d’égards, transgression, symptôme de tension, forme de contestation, épreuve de civilité.
Les incivilités contemporaines sont généralement interprétées comme un affaiblissement de l’ordre civil, dont il faudrait chercher l’origine dans une crise d’héritage. Pour autant, on manque de recul historique vis-à-vis de ces incivilités. Qu’en est-il de l’incivilité aux XVIIe et XVIIIe siècles, moment où s’invente l’idéal de civilité ? De Hobbes à Sade, en passant par La Rochefoucauld, Scudéry, Sévigné, Marivaux, Saint-Simon, Crébillon, en parcourant libelles, romans-mémoires, mémoires historiques, traités de civilité et oraisons funèbres, les 12 contributions de ce numéro révèlent plusieurs facettes de l’incivilité d’Ancien Régime, et manifestent combien l’incivilité peut être difficile à interpréter : l’acte incivil est-il maladresse, manque d’égards, transgression ? Plus encore, le numéro s’intéresse à l’incivilité comme dynamique sociale : elle est tantôt symptôme des mutations d’un ordre, tantôt contestation de cet ordre. Elle est surtout une épreuve qui met la civilité au défi de son propre idéal de sociabilité réussie. L’incivilité permettrait de saisir ce que serait, concrètement, une civilité accomplie.