Comment, dès 1917, le monastère des Solovki, orgueil de l’empire tsariste, est-il devenu le premier camp d’extermination de l’Union soviétique ? Comment le nihilisme,
le terrorisme, le totalitarisme sont-ils apparus dans la Sainte Russie des ermites, des fols en Christ, du peuple souffrant et « théophore » ? Qu’en est-il des slavophiles, des occidentalistes, de Pierre le Grand, de la Troisième Rome et de Byzance dans la genèse du mythe russe ? Le communisme a-t-il été un accident ? Et les Russes sont-ils condamnés au despotisme ?
Retrouvant, à la jointure de la mystique et de l’histoire, la déchirure originelle entre l’Occident et l’Orient chrétiens, cet essai constitue le deuxième volet d’une grande enquête théologique sur les mutations modernes de Dieu en
politique. On y lira pourquoi, des vieux-croyants immolés dans les flammes aux inventeurs des attentats-suicides et aux « constructeurs de Dieu » bolcheviques, la Russie a connu une suite d’apocalypses recommencées. Pourquoi, aussi, les voix des Démons, traversant les âges, résonnent désormais de Pétersbourg et Moscou aux quatre coins du monde. Et pourquoi, enfin, les prophéties conjointes de Dostoïevski et de Soljénitsyne sont appelées à éclairer, plus que jamais, le siècle qui s’ouvre.
Editeur, essayiste, Jean-François Colosimo enseigne la philosophie et la patrologie à l’Institut Saint-Serge de Paris.
Il est l’auteur de films documentaires, dont Moscou ou
la Renaissance de l’orthodoxie (Artline, France 3), et a récemment publié, chez Fayard, Dieu est américain.