Quand la moitié de nos contemporains disent s'épanouir dans leur travail, l'autre moitié du monde vit le sien, ou son absence, dans la souffrance. En réponse, la droite glorifie ceux qui " se lèvent tôt " et " ne mesurent pas leur peine ", invite à " travailler plus pour gagner plus " et dénonce une " épidémie de flemme ".
Face à ce discours, les hommes et femmes de gauche paraissent souvent désemparés. Au point que certains pensent utile d'emboîter le pas des libéraux et des conservateurs en opposant les travailleurs aux allocataires sociaux. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment la droite, qui ne cesse de mettre le travail sous pression et d'en dégrader les conditions, peut-elle s'en arroger les valeurs ? La gauche doit se les réapproprier de telle sorte que le travail réponde à nos aspirations individuelles et collectives. Cela est d'autant plus crucial que la transition énergétique et technologique en cours va le reconfigurer en profondeur.
Paul Magnette renoue dans cet ouvrage avec l'idéal d'émancipation personnelle et d'intégration sociale par le travail, et développe de véritables propositions pour lever les obstacles qui s'opposent aujourd'hui à son déploiement. Plutôt que de laisser les souffrances au travail entre les mains de consultants en risques psychosociaux et de chief happiness officers, il est temps de les repolitiser.