En juillet 1977, Cécile B. avait 5 ans. Elle passait des vacances sans ses parents, chez une grand-tante. Cet été-là, elle a été violée plusieurs fois par un cousin éloigné, un père de famille qui prétendait lui apprendre à faire du vélo. Personne ne l’a su à l’époque. Personne n’a décrypté les dessins que Cécile a faits à l’école quelques mois plus tard, des dessins qui criaient pourtant « o scour »… Pour survivre au traumatisme, Cécile a enfoui ces viols dans son inconscient, jusqu’à ce qu’ils ressurgissent trente-deux ans plus tard. Cet « oubli » a un nom : l’amnésie posttraumatique, et il touche de nombreux enfants victimes de viol.
Quand ses souvenirs ont refait surface, Cécile a vécu dans la honte, la colère, le désir de mourir. Elle a soudain compris ses problèmes à l’adolescence, sa peur des hommes, son incapacité à construire sa vie de femme. Car le viol dévaste tout, durablement. Pendant trois ans, elle a mis sa vie entre parenthèses : pour se soigner, et pour tenter de faire juger son agresseur, sachant pourtant que, dans son cas, les faits étaient prescrits.
Elle est allée jusqu’à la Cour de cassation, elle n’a pas gagné mais a été entendue. Rejointe par des associations de victimes, elle a réussi, en médiatisant son affaire, à mobiliser l’opinion, les politiques et le législateur. Grâce à cela, le délai de prescription pour les crimes sexuels commis sur mineurs pourrait être allongé. Mais le combat n’est pas terminé…
Ce livre est le récit d’un chemin douloureux mais aussi d’une victoire sur la vie. Car au terme de son parcours, Cécile B. s’est reconstruite.