Depuis deux mille cinq cents ans, il s’est toujours trouvé des hommes pour braver les interdits, penser ce qui ne se pensait pas, dire ce qui ne se disait pas. Certains ont laissé leur nom dans l’histoire : Socrate, François d’Assise, Érasme, Montaigne, Luther ; la plupart – Pierre Valdo, Sébastien Castellion, Michel Servet, Étienne Dolet, les hérétiques, et tant d’autres – ont disparu de notre mémoire. La révolte de ces hommes hors du commun fut impuissante face à l’ordre établi.
François de Closets fait revivre cette histoire méconnue de la liberté qui se révèle tout aussi haletante, tragique, exaltante que celle des batailles, des vainqueurs et des sacres. Elle s’ouvre et se ferme sur le procès de deux philosophes qui préférèrent mourir plutôt que de renier leur pensée : Socrate a bu la ciguë en 399 avant notre ère ; Giordano Bruno est mort sur le bûcher en 1600. Le premier est célèbre, le second oublié. Il prend dans cette fresque toute sa place. Au terme d’un procès de huit années devant l’Inquisition, ce penseur impénitent doit renier ses écrits pour avoir la vie sauve. Il refuse et périt brûlé vif. De tels actes d’héroïsme ne sont pas rares dans cette saga de la liberté.
Cette histoire montre que notre individualisme est très éloigné de l’idéal pour lequel ces hommes et ces femmes se sont battus, que la liberté n’existe pas « en soi » mais « en situation », et que les peuples aspirent à la sécurité culturelle plus qu’à la liberté individuelle. Autant d’enseignements précieux pour réinventer notre art de vivre ensemble, pour réconcilier la liberté de chacun et la solidarité de tous.
François de Closets, journaliste et écrivain, est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages. Ses derniers livres, L’Échéance : Français, vous n’avez encore rien vu (coécrit avec Irène Inchauspé ; Fayard, 2011), Maintenant ou jamais (Fayard, 2013) et La France à quitte ou double (Fayard, 2015) ont rencontré un grand succès.