Cela fait plusieurs décennies que l’armée n’a pas été aussi populaire. Un sondage de l’été 2018 le confirme : 87% des français ont une bonne image de leur armée. Neuf sondés sur dix pensent que les militaires sont « courageux », « efficaces » et surtout qu’ils défendent bien les « valeurs républicaines » – devant les maires et les enseignants.
L’opération sentinelle recueille 77% de suffrages favorables et la coalition anti-Daech 75%. L’antimilitarisme n’existe quasiment plus. L’armée inspire davantage confiance que les hommes politiques, les journalistes ou même que la police !
Bien sûr, les récents attentats expliquent en partie ce nouvel engouement et la « génération bataclan » afflue sur les sites de recrutement et frappe aux portes des écoles militaires.
Mais les raisons de ce prestige retrouvé ne sont-elles pas plus profondes ?
Isabelle Lasserre a mené une enquête pour comprendre ce renversement profond. Elle en a cherché les raisons dans les nouvelles menaces extérieures et intérieures, dans les nouvelles peurs et les nouveaux espoirs.
Alors que l’État et la société offrent une image de délitement, que les services publics sont souvent paralysés, l’armée apparaît pour beaucoup comme le dernier bastion du courage, de la dignité, de l’autorité, de la solidarité et de la rigueur. C’est là aussi le dernier lieu où l’ascenseur social fonctionne.
S’agit-il d’une bascule idéologique ou de l’expression d’un nationalisme dangereux ? Ou cela manifeste-il simplement une aspiration de la société française – que l’on semble retrouver dans de nombreux pays – qui part à la recherche de valeurs plus marquées et d’une nouvelle rigueur pour affronter un futur plus que jamais tourmenté.