C’est une première sous le quinquennat, et cela arrive au crépuscule de celui-ci. Le jeudi 24 février, aux premières heures de l’aube, l’aide de camp se précipite dans les appartements privés du Palais de l’Élysée : Vladimir Poutine vient d’annoncer une opération militaire spéciale dans le Donbass. C’est la guerre. Il faut réveiller le Président ! S’ensuivent 24 heures sans sommeil pour Emmanuel Macron à raison de coups de fil à Poutine, d’adresse solennelle aux Français et d’un aller-retour à Bruxelles. Pour ce jeune Président qui sort d’un mandat de tempêtes, pour cet audacieux qui rêve de sceller son empreinte sur l’Histoire, cette guerre va être paradoxalement sa chance, son heure de vérité.
Lui qui confie dans ces pages : « Je ne me considère pas comme un homme politique. Simplement comme un citoyen engagé, en mission pour son pays et de ses concitoyens », fut haï comme aucun Président ne l’a été. Pourtant, il va être facilement réélu. Comment a-t-il de nouveau conquis le cœur des Français ? En réalité, tout était en place depuis des mois, les équipes, les spin doctors et les communicants. Un minutieux plan de bataille imaginé par la macronie pour emporter la mise une deuxième fois. La guerre peut commencer. Ce sera Macron ou le chaos.
Saveria Rojek a suivi le Président pendant des mois, du Rwanda à Roubaix, de Troyes à Amiens, la ville où tout a commencé. Elle a recueilli ses propos exclusifs à l’aube de ce scrutin décisif, a interrogé ses ministres, son entourage le plus proche, mais aussi ses adversaires.