À partir des chroniques publiées au fil de l'actualité, en particulier depuis 2006, introduites par un long essai sur la place du sociologue dans la Cité, une relecture du présent en guise d'autopsie d'un régime.
La France est une démocratie. Or la politique menée à l'égard des " autres ", immigrés ou Roms, mais aussi musulmans, s'autorise de l'identité nationale. Donc, des fichiers aux tests ADN, en passant par la chasse aux " mariages blancs ", cette politique serait forcément démocratique. Tel est le syllogisme à la Ionesco dont l'absurdité permet à notre société de s'accommoder, tant bien que mal, d'une démocratie de plus en plus précaire.
D'où le nouveau " syndrome de Vichy " : c'est au nom de la démocratie qu'on interdit à ceux qui critiquent les dérives d'évoquer ces " années sombres "... Pourtant, ce passé hante aussi nos gouvernants ; mais c'est pour proclamer qu'on ne peut le comparer avec notre présent : ce n'est quand même pas le nazisme ; nous sommes donc bien en démocratie !
En mettant sans cesse en avant le " problème de l'immigration " ou la " question musulmane ", une partie de la classe politique s'acharne à nourrir cette logique folle. Il faut raison garder, nous dit-on, mais la déraison d'État étourdit la raison démocratique. Et si l'aveuglement d'aujourd'hui nous menait demain à l'abîme ?
Dans ce livre introduit par un long essai rétrospectif en forme d'autopsie du régime, Éric Fassin a rassemblé des chroniques parues de 2006 à 2012. Pour ne pas s'enfermer dans les actualités, temporalité que partagent médias et politiques, il convient de penser l'actualité, soit un présent que traverse et travaille l'histoire.