Si les socialistes veulent gagner les élections du printemps 2007, ils doivent enfreindre leur catéchisme ordinaire, devenu inadapté à une société où le peuple n'est plus une "masse exploitée" mais un ensemble beaucoup plus diversifié. Pour ne pas aborder le XXIe siècle avec des idées du XIXe, le socialisme moderne doit devenir le socialisme de l'individu et explorer d'autres voies, en cessant de promouvoir une gauche rêvée au détriment d'une gauche réelle. L'État a pour mission de servir les citoyens. Le service des plus modestes suppose le respect à leur égard. Le marché doit être combattu quand il nuit aux travailleurs et il doit être utilisé quand il les sert. L'action contre le chômage exige un traitement personnel plus précis et exigeant que le versement de prestations. La retraite ne saurait être une frontière unique et indifférenciée mais un ensemble de droits modulés selon les individus... Si le socialisme incarne le refus toujours vivant de l'injustice capitaliste, il est le prolongement de la démocratie et non son dépassement. Il ne peut pas représenter une utopie qui empêche la gauche de devenir moderne et sa tâche est digne d'engagement : l'invention d'une politique neuve, la réforme d'une démocratie malade, la construction d'une société toujours plus juste.