Un ouvrage riche en révélations, à la fois érudit, polémique et accessible.
Les archives du Vatican concernant ses rapports conflictuels avec les juifs ont été récemment ouvertes aux chercheurs suite à une décision de Jean-Paul II. David Kertzer est l'un des premiers historiens à y avoir eu accès. Il démontre ici que, loin d'avoir été étrangère à l'émergence de l'antisémitisme contemporain, comme le veut sa position officielle, l'Église à joué un rôle décisif et actif dans la mise en place des attitudes qui ont directement conduit à la Shoah."Si le Vatican n'a jamais donné son approbation au génocide – il s'y est effectivement opposé (du moins tacitement) –, les enseignements et les actes de l'Église, y compris ceux des papes, ont contribué à le rendre possible. C'est la triste réalité, incontournable, que l'Église se refuse fermement à admettre. Cette responsabilité recouvre, comme beaucoup l'ont noté, non seulement des siècles de conditionnement des populations chrétiennes à la haine des juifs, mais quelque chose de bien plus récent et direct. L'Église fut l'un des principaux promoteurs de la transition entre les vieux préjugés médiévaux antijuifs et la montée de l'antisémitisme politique contemporain au cours du demi-siècle ayant précédé l'Holocauste."