La France et l'Allemagne sont souvent présentées comme deux modèles migratoires opposés. La France, vieux pays d'immigration, serait la terre de l'intégration grâce à un mélange droit du sol - droit du sang, tandis que l'Allemagne, qui longtemps ne s'est pas considérée comme une terre d'accueil, resterait le pays des " Gastarbeiter ", protégés par un droit de la nationalité restrictif fondé sur le droit du sang. Deux histoires les opposent, deux modèles d'intégration aussi : tandis que la France, qui a connu de longue date un déficit démographique, a été plus tôt que ses voisins européens un pays d'appel de main-d'œuvre, l'Allemagne n'est devenue un pays d'immigration qu'après la Seconde Guerre mondiale. Dans le premier cas, la philosophie dominante a longtemps été celle de l'assimilation, dans le second, celle de la rotation de la main-d'œuvre. L'intégration " à l'allemande " serait donc celle de la promotion sociale alors qu'en France il se serait agi d'un abandon des spécificités culturelles. Outre l'instrument du droit de la nationalité qui oppose droit du sol et droit du sang, les politiques d'asile aussi ont été divergentes, la France ayant une attitude plus restrictive que l'Allemagne, dotée d'une législation très libérale qui soulève de multiples interrogations depuis la décennie 1980. Le propos de ce livre est de dépasser les imaginaires réciproques, car les convergences, mues par la nécessité d'une plus grande unification européenne des politiques migratoires, semblent aujourd'hui s'imposer par-delà les divergences historiques. La France au miroir de l'Allemagne, l'Allemagne au miroir de la France : tel est l'objectif que ce livre met en œuvre dans la perspective d'une plus grande clarification du dialogue franco-allemand sur l'immigration.