Le dix-septième numéro de la Revue du Crieur s'ouvre sur une réflexion de Maylis de Kerangal. Une réflexion sur la puissance politique de la description littéraire. Décrire occupe une grande place dans le travail de l'écrivaine. Mais qu'est-ce exactement que décrire ? À quoi cela sert-il ? Quoi décrire ? De quelle manière le faire ? Un texte à la fois sensible et politique.
Cette question de la description, on la retrouve dans notre rubrique " Récit " avec une traduction d'un texte de l'Australienne Val Plumwood, pionnière de l'écoféminisme. Elle y retrace très précisément l'attaque de crocodile dont elle a été victime au milieu des années 1980. Le récit de cet assaut est avant tout celui d'une expérience dont peu de personnes peuvent témoigner : avoir été dans la peau d'une proie.
Notre portfolio présente des photographies de Palestine prises par Anne-Marie Filaire entre 1999 et 2007 afin de documenter les évolutions du paysage. Donner à nouveau à voir ces images en 2020, c'est se souvenir des paysages qui ont été ceux de la Palestine et, finalement, lui redonner son histoire.
Au sommaire de ce numéro également, des grandes enquêtes : on plonge dans les arcanes de l'Évangile de la prospérité, une Église en forme de " multinationale de la foi " qui promet succès, richesse et bonne santé en échange de dons considérables ; on découvre Bernard Lugan, historien d'extrême droite qui fait figure de référence dans l'armée française et développe une vision racialiste de l'Afrique ; on comprend de quelle manière le Kosovo est devenu une obsession pour l'extrême droite européenne qui en fait une illustration de la théorie du " grand remplacement " ; on suit aussi les inquiétudes et les espoirs du monde du spectacle vivant pendant et après la pandémie.
Sans compter une réflexion sur la création monétaire qui pourrait être mise au service du bien commun plutôt que préserver l'hégémonie de la finance ; un décryptage de l'incroyable explosion de la fantasy, un genre littéraire désormais reconnu à part entière ; un portrait de l'intellectuel sénégalais Felwine Sarr ; une proposition, enfin, d'utiliser la misandrie comme arme d'autodéfense féministe.