Du village de Boum Kabir, situé au bord du lac Iro au Tchad, Claude Pairault rapporte une somme de documents – photos, films, cartes, dessins, croquis – qui vont déterminer son itinéraire de chercheur. Ses longs séjours dans cette commune rurale isolée, à laquelle il reste attaché jusqu’à son décès en 2002, vont façonner son regard et fonder son ancrage en Afrique. Dès son arrivée à Boum Kabir, il pratique une ethnographie par l’image. Il n’a de cesse de photographier et de filmer les corps, les gestes, les regards, les espaces. L’acuité de son regard autant que sa bienveillance lui permettent de capter le langage du corps, l’esprit des lieux et le sens des rituels. Claude Pairault va ainsi restituer, avec la rigueur du jésuite et la finesse de l’ethnologue, les multiples mondes que la population de Boum Kabir a connus de 1959 à 1992. C’est ce trésor iconographique exceptionnel qui est partagé aujourd’hui avec les villageois du lac Iro, la communauté jésuite du Tchad et tous ceux qui veulent comprendre de l’intérieur comment l’Afrique a traversé la seconde moitié du xxe siècle.