Marié trois fois, époux fidèle mais ayant vécu deux longues périodes de célibat, Ovide passe pour un auteur obscène grâce à son Art d'aimer, bestseller depuis deux mille ans à la faveur de ce profitable malentendu.
En réalité L'art d'aimer est indissociable de son antidote Les remèdes à l’amour, de même époque, et ce diptyque, rédigé ironiquement en forme de traité, tire sa substantifique mœlle des Amours, carnet de croquis de jeunesse, foisonnant encore d’une étonnante variété de récits réalistes narrés avec
la même froideur que si l’auteur s’était pris lui-même pour cobaye. Et la trilogie peut d’autant plus à bon droit être titrée De l’amour, rendu fidèle d’Ars amatoria, qu’Ovide, dix-huit siècles à l’avance, y dépasse l’objectif de Stendhal en 1822 : non content d’observer et de décrire le sentiment amoureux
(cristallisation incluse), il l’étudie pour le dompter, offrant à ses élèves des deux sexes, sous l’apparence d’un badinage, tous les éléments d’une diététique des passions résolument moderniste, libertaire et morale.
Cette nouvelle traduction vers pour vers d’Olivier Sers alterne alexandrin et décasyllabe comme alternent hexamètre et pentamètre dans les distiques élégiaques latins, en sauvegardant la concision, le rythme et la musique. Un index donne la clé des rappels mythologiques et des intertextualités.